L’enquête sur l’incendie de Notre-Dame, un enfumage judiciaire complet ?

Publié le par Jean-Pierre Roux

Pourtant, compte tenu de l’émotion nationale et même internationale qu’avait suscité le terrible incendie de la cathédrale de Paris, les autorités nous avaient promis de diligenter une enquête judiciaire qui ne pouvait être qu’exemplaire. Il s’agissait quand même de l’un des joyaux architecturaux de notre pays et d’un symbole de notre culture judéo-chrétienne connu du monde entier qui avait failli être détruit entièrement. Victor Hugo, le grand écrivain, n’avait-il pas à jamais glorifié ce monument qui en réalité était le « personnage » le plus important de son célèbre roman. Cependant, selon le Canard Enchaîné du 17 août 2022, « le dossier de Notre-Dame part en fumée ».

En effet, d’après le palmipède, sauf un miracle, une ordonnance de non-lieu sera délivrée à l’automne prochain. Pourtant, même si la piste criminelle avait été écartée assez rapidement, il restait à éclaircir les raisons pour lesquelles l’incendie s‘était déclenché et avait pris les dimensions que nous connaissons. Et si l’on en croit le numéro spécial du Canard enchaîné rédigé à la suite de cette catastrophe, dossier remarquablement documenté, les raisons de faire « quelques reproches » aux uns et aux autres ne manquaient pas.

En particulier, le système de détection incendie et le « poste de surveillance incendie » auquel il était raccordé, ressemblait plus à un bricolage qu’à un système pensé et mis en œuvre par une société d’ingénierie digne de ce nom. Quant aux consignes de sécurité à appliquer dès le début d’un incendie ou, dès le début du moindre soupçon d’un début d’incendie, elles étaient quasiment inexistantes. Si l’on rajoute à tout ceci un manque de formation des agents chargés de la surveillance du chantier, on a tous les ingrédients pour arriver à la catastrophe à laquelle nous avons assisté.

Des responsables, comme il y en a dans tout projet, il y en avait. On peut légitimement penser, en premier lieu, que le maître d’œuvre, à savoir le ministre des affaires culturelles et toute la hiérarchie en charge du projet de réhabilitation de Notre-Dame, ont une part de responsabilité. Et ce n’est pas parce qu’il aurait manqué des moyens financiers qu’ils peuvent se dédouaner de toutes responsabilités. Quelle que soit la place que l’on occupe dans une hiérarchie de type pyramidale, on se doit de faire savoir au niveau supérieur que des risques existent, ne serait-ce que pour se protéger soi-même. Se taire c’était se rendre complice des dangers que l’on faisait courir, dans ce cas précis, au chantier tout entier. C‘est pourtant ce qui se passe en général et c’est ce qui s’est passé pour le chantier de Notre Dame de Paris.

Un magistrat aurait même confié à l’un des journalistes du Canard, qu’il y auraient eu très certainement des mises en examen si il y avait eu des victimes. Mais fort heureusement il n’y eut pas de victime. « Seulement » la perte d’une charpente magnifique, des dégâts considérables et enfin une facture de plusieurs millions d’euros. Et le fait que Notre-Dame aurait pu être détruite complètement ou presque sans le combat héroïque que les pompiers de Paris ont mené au péril de leur vie. Un rien un presque rien qui fait que les responsables pourront continuer à dormir tranquilles…s’ils le peuvent. On ne comprend pas, à un moment ou notre démocratie est fragilisée par les attaques incessantes dirigées vers les élites et les responsables politiques de notre République, que l’on puisse se montrer aussi laxiste en ne prenant aucune sanction envers les principaux responsables, ne serait-ce qu’administratives.

 

 

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